Enseignement | Séminaires

Guerre et Environnement au XXe siècle

MàJ : 17/01/2014

Fabien Locher, CNRS-EHESS, Centre de Recherches Historiques

2e mercredi du mois de 15 h à 17 h, du 8 janvier au 11 juin 2014

EHESS, 190-198 avenue de France 75013 Paris, salle 1 (RdC)

Renseignements : flocher@ehess.fr

Séminaire soutenu par le Réseau de Recherche

sur le Développement Soutenable de la Région Île-de-France (R2DS)

 

Ce séminaire se propose d’étudier les rapports qu’entretiennent guerre et environnement au XXe siècle. Jusqu’ici cette question a peu retenu l’attention des historiens. Pourtant ces rapports, considérés au sens large, ont constitué au cours de cette période un opérateur majeur de reconfiguration de la biosphère et des liens Nature/Société. Ils ont dans le même temps contribué à façonner le champ et les modalités de l’agir militaire.

Les conflits et leur préparation ont transformé les environnements en profondeur : effets directs des combats ; extraction effrénée des ressources ; territoires en « état d’exception » environnemental (zones d’essais d’armement, usines et bases militaires échappant aux régulations communes, no man’s land sous contrôle militaire constituant de facto des zones de préservation).

C’est aussi notre connaissance de l’environnement qui a en grande partie été façonnée en situation de conflit. Pendant la Seconde Guerre mondiale puis la guerre froide la Terre, transformée en champ de bataille, a été cartographiée, sondée, modélisée pour être maîtrisée en tant qu’espace d’évolution des troupes, des sous-marins, des vecteurs nucléaires. Ce formidable mouvement a été à l’origine des « sciences du système-Terre » contemporaines ; il a catalysé l’émergence du diagnostic sur le changement climatique et des premiers projets de géo-ingénierie. Après 1945 l’écologie scientifique, elle aussi, a été reconfigurée par les rationalités savantes et les nouveaux enjeux issus de la guerre froide. L’expertise environnementale contemporaine a émergé sous le signe de l’affrontement militaire entre les blocs.

Les guerres chaudes et froides du XXe siècle ont également été décisives en matière d’inventaire, d’exploitation, de conservation et d’usage des ressources naturelles. Les deux conflits mondiaux ont suscité de vastes schémas d’approvisionnement se déployant à l’échelle des nations, des empires coloniaux et du globe tout entier. Après 1945 la « course aux ressources » s’est intensifiée, dans une situation géopolitique de conflictualité et d’instabilité chronique liée à la guerre froide et la décolonisation. Dans ce contexte les institutions militaires et les acteurs industriels vivant en symbiose avec elles ont joué un rôle décisif pour orienter, théoriser, accompagner et imposer des politiques de recherche et de captation des ressources qui ont transformé les environnements et les sociétés à l’échelle globale.

L’environnementalisme moderne s’est lui-même affirmé en lien avec les menaces suscitées par la guerre froide. Au péril atomique a répondu l’émergence d’une réflexivité nouvelle quant aux conséquences potentiellement tragiques, globales et définitives de l’agir humain. L’essor de l’environnementalisme politique, dans les années 1960-1970, s’est fait dans un contexte où « protection de la Nature », pacifisme et critique des guerres illégitimes (impérialistes, coloniales) étaient mis en rapport et revendiqués d’une même voix.

Ces éléments sont loin d’épuiser la question des rapports entre guerre et environnement au XXe siècle : à titre d’exemple elle pourra aussi être abordée à partir de l’analyse historique des représentations (de la Nature, de l’ennemi), d’une entrée par la question animale (place des animaux dans les conflits, interactions entre les technologies d’éradication et les technologies militaires), de l’étude de la diplomatie environnementale analysée dans son lien aux enjeux militaires.

 

Séance du 8 janvier

Sebastian Grevsmühl (post-doctorant, Université Paris-VI)

Le patronage militaire des sciences environnementales en Antarctique, pendant la guerre froide

 

Séance du 12 février : REPORTE

Chris Pearson (University of Liverpool)

A very large military camp ? The environmental militarization of post-war France

 

Séance du 12 mars

Jean-Paul Amat (Université Paris-Sorbonne)

La zone rouge après la Grande Guerre, un laboratoire environnemental in vivo

 

Séance du 9 avril

François Gemenne (IDDRI, Science-po)

Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine : l’émergence du concept de ‘guerre climatique’

 

Séance du 14 mai

Éric Baratay (Université Lyon-III)

Les animaux dans la Grande Guerre

 

Séance du 11 juin

Thomas Robertson (Worcester Polytechnic Institute)

From The Great War to Vietnam: American Environmentalists, Population Growth, and Malthusian Understandings of War

 

 

 

 

Archives (programme 2013-2014)

 

Séance du 16 janvier 2013

Fabien Locher

Introduction générale, présentation du séminaire

Séance du 20 février 2013

Gabrielle Hecht (University of Michigan)

Le prix de la souveraineté : l'uranium françafricain

Séance du 20 mars 2013

Paul Edwards (University of Michigan)

Cold War and carbon knowledge: the strange relations of climate science and nuclear weapons research

Séance du 17 avril 2013

Sandrine Revet (CERI (Sciences Po))

Guerre froide et catastrophes naturelles : de la prédiction à la préparation

Séance du 15 mai 2013

Matthias Dörries (Université de Strasbourg)

Chilly computations: Cold war and nuclear winter

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Dernière modification :
15/04/2024